Takeda Sokaku est né en 1858 au sein du Han d’Aizu. Dans ce clan guerrier, célèbre pour sa tradition martiale, il reçoit dès son enfance une éducation axée sur le Bujutsu destinée à faire de lui un samouraï.

Au Japon, les années 1860 à 1870 marquent l’apparition de l’ère Meiji et la fin du Japon des Shogun. Cette révolution qui doit amener l’avènement du Japon moderne ne se fait pas sans heurt (voir Histoire du Japon).

Les clans se rangent au côté de l’Empereur ou, au contraire, au côté du Shogun pour défendre le japon traditionnel. C’est le cas du Han d’Aizu. Celui-ci est l’un des derniers clans à résister à l’armée de l’Empereur. Il finit par tomber. Comme le veut le bushido, de nombreux samouraïs se font seppuku et même leurs familles se suicidèrent. Takeada Sokaku, encore enfant, va grandir dans un clan décimé, marqué par la défaite et le déclin des valeurs martiales.

Vers 1890, Saïgo Tanomo, 1er Karo (1er ministre) du Han d’Aizu et détenteur de l’art martial secret du clan, cherche un successeur pour assurer la pérénité de cet art (I’oshikiushi) ensemble de techniques de défense destinées aux hauts dignitaires à l’intérieur du Palais Shogunal. Il remarque un jeune samuraï, brillant escrimeur, Takeda Sokaku. Celui-ci avait en effet appris le Kenjutsu du Ono Ha Itto Ryu auprès de Shibuya Toma. Saïgo Tanomo entreprend alors de lui enseigner l’Oshikiushi. Takeda Sokaku assimile vite et se voit confier la charge de transmettre et de perfectionner les techniques de l’Oshikiushi pour les adapter au monde moderne. Il lui est demandé d’abandonner le Kenjutsu et de se consacrer entièrement aux techniques manuelles.

De l’avis de Saïgo Tanomo, celles-ci sont en effet les plus propres à imposer le rôle pacifique des arts martiaux dans l’éducation de l’homme.

À la mort de Saïgo Tanomo, en 1905, Takeda Sokaku devient l’héritier de l’oshikiushi nommé dès cette époque Daïto Ryu (Ecole du Grand Est). Malgré le souhait de son Maître, Takeda Sokaku continuera pendant toute sa vie à étudier le Kenjutsu et, à la fin de sa vie, il intègrera les techniques du Ono Ha Itto Ryu à son école connue sous le nom de Daïto Ryu Aïkibudo.

Takeda Sokaku fut à la fois un des premiers Maîtres d’arts martiaux au sens moderne du terme et un des derniers guerriers du Japon traditionnel et certainement aussi remarquable que Myamoto Musashi. Il voyagea beaucoup à travers le Japon, diffusant son enseignement à des pratiquants qu’il choisissait avec soin.